mardi 28 juin 2016

Une feuille de route de l'apprentissage sans ambition

Lors de la séance plénière du 27 juin 2016, le Président Rousset nous a présenté la feuille de route de l'apprentissage. Je suis intervenue au nom du groupe UDI pour regretter une feuille de route sans innovation, sans ambition. Depuis des années, la France (Etat et Régions)  dépense sans compter pour l'apprentissage et pour autant le nombre d'apprentis ne cesse de diminuer. Il faut cesser de servir les mêmes recettes dont on sait qu'elles ne fonctionnent pas, il faut se montrer dans ce domaine créatifs, inventifs...
Nous avons voté contre cette délibération, considérant que nos jeunes méritent mieux !

"Monsieur le Président,
Augmenter le nombre d'apprentis de 50%. D'ici la fin du mandat est un objectif ambitieux que nous pouvons collectivement partager tout comme d'ailleurs l'objectif de 500 000 apprentis que le Président de la République avait fixé en début de mandat et qu'il a tout récemment confirmé pour 2017.

Nous pouvons tous nous entendre sur ces objectifs d'autant plus que le chômage des jeunes atteint le 26% soit 6% de plus que celui des jeunes européens.

L'augmentation du nombre de contrats d'apprentissage est un réel enjeu car l'apprentissage est un véritable facteur d'insertion dans l'emploi et de lutte contre le chômage des jeunes puisque 65% des apprentis diplômes accèdent à un emploi durable.

Depuis des années, la dépense publique finançant l'apprentissage n' a cessé de croitre mais les résultats obtenus semblent inversement proportionnels et très insatisfaisants au regard de l'effort financier concédé par les différents partenaires. 

A ce jour, la France compte 426 000 apprentis seulement soit 8% de moins qu'en 2013. On peut parler de fiasco national. Et si nous pouvons nous réjouir de voir le nombre d'apprentis accédant aux diplômes de niveau II , nous devons nous inquiéter du franc recul du nombre d'apprentis accédant aux diplômes de niveau V ou IV.

Les résultats ne sont donc ni a la hauteur des objectifs fixés ni à la hauteur des moyens engagés et cela révèle la totale inefficacité du système français de l'apprentissage. Les causes de l'échec de l'apprentissage en France ne sont pas comme vous l'avez dit Monsieur le Président uniquement culturelles, elles sont aussi structurelles.

Aussi, dans ce contexte, les moyens financiers importants puisqu'ils représentent 9% du budget néo aquitain nous obligent doublement mais nous craignions fortement qu'ils ne suffisent pas et surtout ils ne sont pas à eux seuls la garantie d'atteindre nos objectifs.

Nous regrettons que la feuille de route que vous nous proposez ressemble à un catalogue des dispositifs et actions en faveur de l'apprentissage de nos ex régions. Tout y est intéressant, tout y est important mais encore une fois, rien de nouveau. 

Un grand plan de communication pour redorer le blason de l'apprentissage, c'est bien mais combien de plans de com nationaux, régionaux avons-nous connu sans que pour autant, l'augmentation du nombre d'apprentis ne suive ?

Animer le réseau des développeurs de l'apprentissage, c'est bien mais ça ne fera pas tout. Nous regrettons que l'entreprise ne soit pas au cœur de l'apprentissage, que les branches professionnelles ne soient pas plus sollicitées. Monsieur le Président, vous venez d'évoquer le succès de l'apprentissage en Allemagne et bien c'est là une différence majeure que nous avons avec le système d'apprentissage allemand : chez nos voisins, l'entreprise est au cœur du dispositif d'apprentissage.

Nous regrettons que le système d'aides proposé ne soit pas plus incitatif pour aider mieux les petites entreprises qui représentent 55% des employeurs d'apprentis, pour aider mieux les entreprises à recruter des apprentis de plus de 18 ans... Ce sont des exemples.

Lutter contre les ruptures de contrat de 15 à 21 % des apprentis est un objectif affiché et c'est surement là le plus important car en évitant ces ruptures de parcours, nous parviendrions à atteindre le nombre de 500 000 apprentis en France. Il est regrettable que cet objectif ne soit assorti de propositions novatrices et ambitieuses et ne reste qu'au stade du vœu.

Vous souhaitez soutenir l'expérimentation et l'innovation des partenaires mais il est regrettable que la région elle-même ne fasse preuve d'innovation, de créativité car dans cette feuille de route, rien de nouveau.

Ce sujet étant majeur, nous regrettons aussi qu'à l'instar de la Normandie, vous n'ayez lancé dès le début du mandat un Grenelle de l'apprentissage, occasion de débattre avec la société civile, les familles, les entreprises, les partenaires, de faire émerger des idées nouvelles en faveur de l'apprentissage, occasion aussi de remobiliser l'ensemble des partenaires autour de cet enjeu.

Monsieur le Président, cette feuille de route certes assortie de moyens financiers importants manque cruellement d'ambition et d'innovation. Elle n'est que la continuité des plans des ex régions qui n'ont pas fonctionné. 
Parce que vous appartenez à la majorité gouvernementale et que le président de la République a fait de nombreuses promesses aux jeunes lors de la campagne présidentielle, parce que nos jeunes le méritent, aujourd'hui, nous ne demandons pas plus, nous demandons mieux !
Aussi, nous voterons contre cette délibération."

Cette intervention a rendu le Président extrêmement "grognon". Les chiffres de l'apprentissage ne sont pas bons tant au niveau national que dans sa région et Monsieur Rousset le sait aussi bien en tant que député que président du Conseil Régional.

  

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